Année > 2008
Carte blanche
Le terme “résidence“ est depuis quelques années devenu inséparable de la création, quelle soit musicale, théâtrale ou chorégraphique. Chacun (artistes ou programmateurs) le décline à sa façon tant et si bien que ce mot finit par perdre en substance, en intérêt et en lisibilité pour le public. Tout cela nécessite de se poser la question du sens…Qu’est-ce qu’une résidence ?
Lorsque Philippe Cogney m’a proposé de devenir Artiste en territoire du Théâtre du Cloître (pour deux mois), il m’a fallu confronter mon travail artistique, le parcours de la compagnie à cette interrogation. Sans être une parenthèse, cette résidence, longue, devait être à la fois un prolongement de l’évolution de l’activité de L’unijambiste, la confrontation aux problématiques d’un théâtre et l’ouverture vers de nouvelles pistes de travail.
J’ai donc choisi de mettre en avant l’identité de la compagnie en proposant une présence artistique forte et une programmation soutenue. Comédiens, chanteurs, musiciens, traducteur, vidéastes pour une vingtaine d’événements différents. La résidence devenant, avec la complicité du tdc, un lieu de rencontres en mouvement, d’échanges entre artistes et de jeu de miroir entre formes artistiques. Je désirais proposer au public de rencontrer des personnalités qui m’émeuvent, me font rêver, avec qui je crée mes spectacles. Issus de la France entière, ces artistes ont ainsi pu confronter leur travail aux réalités d’un territoire rural, le Pays de Bellac. Les faibles fréquentations de la tournée en décentralisation des Talking Heads et du concert de clôture nous ont montré qu’il nous fallait encore trouver, dans la sollicitation du public, quelques précieux enseignements en matière de communication et de cohérence.
Néanmoins, le bilan que je tire de ces deux mois de présence est très positif. Artistes comme spectateurs furent d’ailleurs très enthousiastes et chaleureux dans leurs retours. L’équipe de L’unijambiste s’est enrichie de cette expérience, qu’il lui tarde de se revoir confier.
Décidément, le mot « résidence » est un contresens. Pourquoi la nature physique du lieu (structure immobile) prendrait-elle le dessus sur ce qui remue/vit à l’intérieur ? Certes dans ce contexte, la sédentarisation géographique des individus est un préalable indiscutable pour favoriser les dialogues et leur approfondissement.
Mais ce que le Théâtre du Cloître nous a offert là c’est, plus qu’une résidence, une porte ouverte (solide et bienveillante), sur tous nos possibles en mouvement.
Vivre la résidence non comme un instant figé et replié sur soi, mais comme une ouverture.
David Gauchard