Le Populaire du Centre / Marie-Noëlle Robert
Shakespeare passe en mode free-style
Peut-on s’amuser avec Shakespeare sans rire de son oeuvre ?
Telle est la question et clairement, la réponse de David Gauchard est « Oui ». La grande majorité du public s’est laissée emaarquer à bord de cet OVNI théâtral, piloté de main de maître par un amoureux des effets spéciaux, des clins d’oeil cinématographiques appuyés et du décalage permanent. Un OVNI qui se régale de loopings sous la lune, porté par une bande originale très qualiteuse et très efficace.
Carrément chahutée sur la forme par un arsenal sonore, visuel et technologiques (rayons lumineux, 3D, flash codes), cette interprétation du Songe garantie pur free style n’est pourtant pas soupçonnable de trahison de la pièce originale. Plantée dans un décor simplissime tout droit sorti d’un jeu de construction, l’histoire est là, inventivement ventilée entre la scène et l’écran qui recadre régulièrement la trame et les accents féériques et poétiques. Abus de pouvoir, amours contrariées, manipulations et interventions magiques sont au rendez-vous. Travaillée sur des changements de pied permanents, la direction des comédiens est réglée comme un ballet, et Gauchard réussit parfaitement son coup dans la recréation d’un esprit de troupe – ah, la scène du casting des artisans ! Les comédiens pétaradants d’une énergie communicative et soutenue, s’amusent royalement de toute évidence. Ils laissent libre cours à un potentiel comique réjouissant et la jouent crescendo jusqu’à un final éclatant de drôlerie. Deux heures durant, Le songe tient sans faiblir ce rythme ludique, dissipé, insolent mais maîtrisé et assumé de bout en bout.
L’Est-Eclair / LM
Le songe d’une nuit d’été : un tourbillon délirant
Du classique remis au goût du jour, c’est dans l’air du temps. Shakespeare n’échappe pas à la règle et tout le monde est content. Car rien ne perd de sa féérie, au contraire, grâce aux nouvelles technologies, l’atmosphère se charge davantage de mystère, en couleurs, en musique et en fantaisie. Beaucoup de fantaisie.
C’est ainsi que la compagnie L’unijambiste, sous la baguette magique de David Gauchard crée, grâce aux ficelles actuelles – graphisme, smartphones, bruitages et autres vidéos – un univers aussi insolite qu’onirique. Et c’est plein de trouvailles, de surprises, et de poésie aussi, dans une forêt habitée de personnages fantastiques et d’un comique !
Le public, toutes générations confondues, adhère dès le premier instant et se laisse emporter dans ce tourbillon délirant. Car l’oeuvre de Shakespeare, ainsi métamorphosée sans être privée de sa teneur, en est plus exquise encore.
La Montagne / Robert Guinot
L’imagination sans limite de David Gauchard
Lorsque Le songe d’une nuit d’été devient un spectacle total, réjouissant et magique. David Gauchard, avec la compagnie L’unijambiste, a proposé la « première » de la comédie de Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été à Aubusson lundi soir, au Théâtre Jean Lurçat, devant une salle comble et une nouvelle fois des ovations enthousiastes.
Le songe, pour reprendre la formule de David Gauchard est un « divertissement populaire pour s’opposer aux percées populistes ».
David a donc choisi, tout en respectant scrupuleusement le texte, de combattre par le rire en signant un spectacle de haute volée.
Pendant plus de deux heures, son Songe enchaîne les temps forts. La comédie vire même de temps à autre à la farce. Le rire est un invité quasi constant, engendré parfois par des phrases chocs puisées dans le répertoire de nos chers politiciens actuels. Des comédiens en chair et en os jouent deux personnages, d’autres vivent seulement sur l’écran blanc. Les premières dialoguent, au gré du temps, avec les seconds. Les effets visuels se succèdent dans une clairière à la douceur neigeuse. Ils séduisent l’oeil et engendrent le rêve.
Le metteur en scène, à la manière d’un peintre, campe des tableaux très travaillés. David Gauchard est constamment resté fidèle à l’esprit de cette pi!re écrite en 1594-1595. Il se l’est réappropriée en invitant les technologies actuelles et tout autant la musique.
L’électro enveloppante de Robert le Magnifique et la voix de Laetita Shériff sont omniprésentes et envoûtantes. « Tout est musique dans cette pièce, souligne le metteur en scène qui ajoute : cette pièce est un poème, une rêverie, un opéra ».
Le songe revisité par Gauchard est ludique et magique. La pièce constitue un terrain fertile pour l’imagination débridée de Gauchard dont l’approche est ingénieuse, pertinente. Son imagination apparaît sans limite. Les comédiens, que l’on se plaît à retrouver, de spectacle en spectacle, offrent des prestations magistrales. Leur jeu bien inspiré est constamment juste. Gauchard et sa troupe ont transporté les spectateurs dans un hiver en dehors du temps. Ils ont parlé d’amour dans un culte de délicate beauté.
Le Petit Bulletin (Lyon et Grenoble) / Nadja Pobel avec Aurélien Martinez
Jouer à Shakespeare
David Gauchard termine sa trilogie shakespearienne sur une note résolument optimiste. Il convoque à nouveau la vidéo et une band son (pop) pour dynamiser ce texte complexe et loufoque. Musique Maestro !
Il y a eu Hamlet / thème et variations pour questionner l’héritage et l’importante des choix. Puis un Richard III sombre (et génialement incarné par le granitique Vincent Mourlon) pour restituer une réflexion politique sur le pouvoir. Déjà deux claques saluées à chaque fois dans nos colonnes.
Non content de faire du théâtre, David Gauchard et sa compagnie L’unijambiste y adjoignaient de la vidéo et de la musique à haute dose. Plus de live avec Le songe d’une nuit d’été mais une bande son à tomber par terre avec sur scène le beatboxer Laurent Duprat et toujours Robert Le Magnifique, Thomas Poli et Laetitia Shériff aux commandes. La méthode (qui n’a rien d’un gadget) fait mouche et embarque d’emblée une salle majoritairement composée d’ados ce soir-là. Il y a donc une manière de faire du théâtre qui est divertissante et intelligente. (…) David Gauchard émerveille, et c’est exactement ce qu’il recherche.
« En faisant ce spectacle, une interrogation m’est venue à l’esprit, dit-il. Peut-être que le fait de rire ensemble est un moyen de résister, en cette période de montée du populisme… » Résultat, au plateau, tout est jeu : des quilles au début, des cubes ensuite.
Le metteur en scène s’amuse avec la matière shakespearienne à mélanger le monde d’hier et celui d’aujourd’hui et clôt ainsi sa trilogie avant de revenir à des auteurs contemporains, l’autre jambe d’une compagnie majeure dans le paysage théâtral français.
Le Télégramme
Métamorphoses du Songe d’une nuit d’été
C’est un Songe d’une nuit d’été rajeuni qui était proposé mardi soir au Carré Magique. Sans complexe, David Gauchard a su revisiter la comédie féérique de William Shakespeare. Sobriété d’un décor minimaliste de cubes blancs, costumes noirs des sept comédiens. L’économie de moyens s’arrête là pour ce dernier volet d’une trilogie shakespearienne du metteur en scène David Gauchard.
La pièce, enivrée de la musique électronique de Robert Le Magnifique et Thomas Poli, des effets visuels de Taprik et graphiques de David Moreau, livre l’imaginaire poétique de William Shakespeare avec une belle énergie. David Gauchard offre là « un divertissement populaire », sous l’habit d’une esthétique technologique bourrée de clins d’oeil humoristiques bien suivis, à entendre les rires du public. Comme Woody Allen dans sa Comédie érotique d’une nuit d’été, David Gauchard rend justice à l’origine du texte de Shakespeare. Les fantasmes amoureux bousculent les personnages au gré de la manipulation high-tech du génie farceur Puck. On y retrouve, entre autres, un Bottom encartonné d’une tête d’âne et objet de désir de Titania, reine des fées projetée sur un écran céleste. Toute la féérie initiale et l’humour sont là pour jouer un amour pas toujours courtois et le désir de pouvoir.
Le philtre d’amour a enchanté le public du Carré Magique qui en est ressorti tourneboulé. Tous ont goûté au philtre d’amour offert en 3D pour une dernière partie jouée en vraie farce.
La Tribune
Le très attendu Songe d’une nuit d’été
Cette comédie, qui s’inscrit dans la lignée de Hamlet et Richard III, a largement dépassé toutes les attentes.
Mariant avec brio technologie numérique et tradition théâtrale, David Gauchard a réussi à restituer la magie du rêve et des contrées féériques imaginaires.
Le jeu des acteurs était juste, parfaitement synchronisé aux multiples effets techniques. Pour autant, cette technologie qui ne cesse d’impressionner par les très nombreuses possibilités artistiques qu’elle laisse entrevoir, ne dénature pas la pièce, bien au contraire. On est d’autant plus emporté dans cet extraordinaire songe d’une nuit d’été embaumé d’un parfum british. Excellent !