Quand j’étais étudiant, aspirant metteur en scène, il n’y avait pas de formation à la mise en scène.
Il fallait soit être assistant soit s’autoproclamer et faire ses propres expériences (avec ses camarades ou en tant que spectateur).
J’ai eu cette double chance grâce au grand metteur en scène roumain Silviu Purcarete, directeur à l’époque de l’Académie Théâtrale de l’Union et directeur du CDN de Limoges.
Je me souviens de la mise en scène d’Hamletas d’Eimutas Nékrosus, du Richard III de Marcial Di Fonzo Bo ou encore du Songe d’une nuit d’été de Silviu Purcarete dont j’étais l’assistant mais aussi le jeune page indien, objet du désir entre Titania et Obéron. Je me souviens surtout du geste scénographique, de l’intelligence, de l’interprétation des acteurs mais surtout de l’art de la mise en scène.
A Limoges, le directeur avait souhaité que notre jeune promo, la première, aille jouer Shakespeare dans les villages alentours un peu partout dans le Limousin. Une certaine idée du théâtre dans les granges. Et il nous avait alors commander l’écriture d’une pièce traversant plusieurs oeuvres de Shakespeare et donnant la part belle à chaque étudiant de la séquence 1. Avec Emmanuelle Hiron, nous avons (presque) lu tout Shakespeare, nous avons ensuite fait un exercice de couture et c’est notre pièce qui a été plébiscitée et que nous avons monté avec nos camarades de classe. Mon premier Shakespeare.
Plus tard après l’école, il y a eu ma rencontre avec André Markowicz. J’ai redécouvert Shakespeare. Pas seulement ses histoires incroyables, sa faculté à faire naître des images hallucinantes à la vitesse de l’éclair, mais avec André j’ai découvert la poésie. Ne pouvant embrassé tout d’un coup, j’étais, je crois, passé à côté de la poésie, de la langue. André Markowicz traduit le poème Shakespeare. Il traduit autant la forme que le fond. Il respecte la métrique. Le pentamètre ïambique qui donne le beat à la troupe qui s’en saisit. C’est ce que nous avons fait. Avec acteurs et musiciens au plateau. Shakespeare et Musique. Hamlet joué au Transmusicales de Rennes en 2007, puis Richard III dans des festivals hybrides et Songe d’une nuit d’été alternant hight tech et low tech.
Plus d’une décennie plus tard, je rêve d’un Shakespeare qui émerveillera l’ensemble des spectateurs et j’espère la jeunesse en salle. Un Shakespeare où l’oreille et l’oeil réunis iront au coeur du théâtre, au coeur des gens. Et j’ai choisi Macbeth. un poème noir sur le couple (éponyme) et ses ambitions.
DG